Interviewer: SAMBA Saphir
Interview de Fa. WISHIYA DIBAYA
Fa. WISHIYA DIBAYA, la puissance des mots, baume à l’âme.
Plus connu sous Fady-Ambroise, Fa. WISHIYA DIBAYA, de son nom d’auteur, est un congolais se distinguant de ses confrères par sa pluridisciplinarité. Passionné de mots et féru de lecture, il maitrise la langue, jouit d’une aisance à passer d’un genre littéraire à un autre et développe avec délicatesse et finesse, des thèmes dits tabous.
Poète dans l’âme et virtuose de son art, il fera de l’aquarelle vierge qu’est la vie, sa toile de fond, surfant sur les vagues de l’anthologie, mémoires de l’histoire et morale devenue circonstancielle au fil du temps.
Tout naturellement, il gratifiera l’humanité de plusieurs opus, parmi lesquels, Plume & Flute publié en 2019. Fa. WISHIYA DIBAYA a accepté, le temps d’une interview, nous transporter dans son monde.
1. Bonjour Fa. WISHIYA DIBAYA. ITWK et son lectorat, sont ravis de vous compter parmi les invités vedettes de ce groupe culture, ce mois. Vos talent et complexité, sont relevés par votre plume prolifique.Avant de parcourir les courbes de votre plume, il serait judicieux de connaitre l’homme. Qui est-il ?
Fa. WISHIYA DIBAYA, je suis un auteur congolais : Blogueur, Libre penseur et Écrivain – poète. Licencié en Économie, je suis congolais, né le 19 août 1991 à Tshikapa, République démocratique du Congo. Marié et père de deux filles, je navigue entre ma profession de Comptable au sein de la Banque Commerciale Du Congo, BCDC et l’univers littéraire.
2. Vous êtes pluridisciplinaire, serait-il possible d’avoir un aperçu de vos différentes caquettes ?
Je suis un artiste né, je suis un dessinateur inné, libre penseur, blogueur avec mon blog www.fadyambroise.net où je partage sur la littérature avec mes poèmes, récits, nouvelles et pensées. J’y publie également certains jeunes artistes de notre sphère question de les promouvoir. Je suis un Comptable de profession, et Écrivain – poète par passion.
3. Pourquoi Fa. WISHIYA DIBAYA ?
Mon nom complet est Fady-Ambroise DIBAYA WISHIYA, « Fa. WISHIYA DIBAYA » est mon nom d’auteur, question de mettre en avant, nos noms africains. Mais mes pairs m’appellent souvent Fady-Ambroise, ainsi que les lecteurs de mon blog.
4. Pourrait-on avoir une ébauche de votre bibliographie et résumés afférentes aux œuvres ?
Ma première publication avec un éditeur est « Plume & Flûte », publié aux éditions Mabiki. Je suis également auteur de plusieurs récits et poèmes qu’on peut retrouver en ligne sur mon blog www.fadyambroise.net, ainsi qu’auteur de la nouvelle « 275 jours & contractions », téléchargeable en ligne, coécrit avec Tony ELEBE. 275 Jours & Contractions est une nouvelle de 4 partie à travers laquelle je relate mon expérience de la naissance de ma fille ainée en assistant mon épouse. Dans un élan poétique et d’intrigues : on assiste à l’attente, aux stress, à la peur, à l’impatience, à l’inquiétude, à l’espoir, ... qui envahissent les parents à la venue de leur bébé.
5. Votre bibliographie pourrait susciter bien de vocations, pourrait-on avoir une ébauche de vos parcours académique et artistique ?
Comme parcours académique, je suis détenteur d’un diplôme de Licence en Économie, option Développement de l’Université Libre de Kinshasa, 5 ans après mon obtention du diplôme d’État (Bac) en option Commerciale & Administrative au Complexe scolaire Nepoko.
J’ai intégré l’univers littéraire après avoir créé mon blog en 2010. À la base, l’objectif était d’y partager mes dessins et pensées, mais au fil de temps il est devenu est vrai livre électronique. J’y partageais non seulement mes pensées et avis sur des sujets d’actualité mais également des récits fruits d’une expérience personnelle, d’une histoire imaginaire ou d’un fait de société. Il est né alors l’envie de perfectionner de plus en plus mon style, en écrivant certains faits en poésie ou en empruntant un style d’écriture d’un roman lu ou encore celui de l’écrivain congolais Zamenga, à travers son roman « Chérie Basso ».
Et grâce à mon blog j’ai rencontré des jeunes auteurs et autres amoureux de la littérature, qui par ces contacts et sur demande de mes lecteurs (surtout lectrices) naquit l’envie de publier un livre.
6. Pourquoi avoir courtisé la belle dame qu’est la littérature ? La complexité de vos œuvres dénote la vivacité de votre esprit ? Quelles parures de la belle dame, appréciez-vous particulièrement ?
Le pourquoi n’est rien d’autre que l’envie de m’exprimer. Étant naturellement timide pour exprimer à l’oral certaines choses, la littérature s’est avérée être un moyen par lequel je pouvais m’ouvrir, m’étaler, me dévoiler et voyager. Je suis beaucoup plus dans la littérature séduit par la poésie : elle est un moyen d’exprimer avec harmonie, images, musique, et avec l’âme. Elle a plus de magie et de spiritualité que tout autre genre littéraire. On m’appellerait « poète », mais je vois « griot » plus approprié. Je ne me définis pas également comme appartenant à un genre spécifique. Ce que m’importe c’est m’exprimer ! Par poèmes, récits, nouvelles, romans ou contes.
7. Vos mots ont plusieurs assonances et peuvent de ce fait, participer aux réformes profondes de la société. Pensez-vous être un leader d’opinion ? Êtes-vous un artiste engagé ?
Je ne me qualifie pas d’un leader d’opinion ni d’un artiste engagé, mais juste un artiste plein d’opinions. Rires. Un leader serait trop me prendre la tête, il n’y a pas d’un côté l’Artiste et de l’autre côté l’Artiste engagé. Le fait déjà d’être un artiste est un engagement. Mon rôle d’artiste est de : éclairer, dénoncer, soulager,… par mes mots ! C’est une vocation, un devoir. Me taire ferait de moi un traitre.
8. Que pensez-vous de la littérature africaine ?
La littérature africaine a une force et des valeurs n'ont exploité. Elle est beaucoup plus influencée et dominée par les normes de la littérature occidentale que nos auteurs trouvent plaisir à copier. La littérature africaine se veut d'être plus spirituelle qu'esthétique ; elle est instructive que divertissante, et cette fonction est restée à l'oral. La littérature africaine est un luxe pour une partie de sa population qui ne peut y accéder à cause du coût des livres dû par manque d'industries littératures, et l'absence de la bonne part dans les budgets des nations africaines
9) De quoi, est-il question dans Plume & Flûte ?
Plume & Flûte est un recueil de poèmes, 37 au total, 36 écrits en français et un en lingala. Un livre de beaux écrits et belles illustrations fruits de ma plume. Il est subdivisé en quatre chapitres principaux et un cinquième comme bonus, un clin d’œil à la culture et à ma langue maternelle. Les quatre premiers chapitres sont consacrés respectivement aux : - Rôle de l’écriture, la place de l’écrivain, l’inspiration, et l’Artiste ; - Dénonciation, la paix, la justice, la misère, la famille et la mort ; - L’amour, ses non-dits et mots-dits, la rupture et ses blessures ; - La femme, ses flemmes et, sa flamme. On y retrouve la femme dans ses multiples facettes. Il y a donc de quoi exciter ou stimuler l’artiste et sa plume en mode veille, séduire les amoureux de la plume, réconforter les âmes tristes et panser les plaies.
10. Dans Plume & Flûte, vous explorez avec ingéniosité les mémoires africaines, réouvrant certaines pages taboues de l’humanité. À votre avis, procéder à un effeuillage perpétuel du puits sans fond qu’est l’amour, serait-il positif pour l’évolution de la société ?
L’amour est une maladie et le remède en même temps. À cause de lui les méfaits sont connus, de cœurs sont brisés et des âmes perdues. En parler dans toutes ses facettes c’est bien et ça permet à ceux qui sont dans l’abus de se rétracter, et ceux qui en sont victimes de s’en sortir. Surtout pour les dames, car elles sont majorité à souffrir à cause de l’amour…
11. Dans le même registre, amour et désamour, sœurs jumelles ont marqué certaines ères de leurs empreintes. A votre avis, serait-il possible de grader douleurs et souffrances humaines selon des critères civilisationnels ?
Le bien et le mal font partie de l’homme. Il est du devoir de ce dernier de faire le bon choix. Douleurs et souffrances feront toujours partie de l’homme.
12. La Shoah au même titre que la traite négrière et multiples génocides, sont des périodes ayant assombri la face du monde et marqué l’humanité. Rouvrir ces pans de l’histoire et leur conférer une éternité par le biais des livres, permettrait-il aux nations les plus puissantes de classer la traite négrière au rang de catastrophe ? Quel pourrait être le rôle de l’auteur africain dans cette quête ?
Le rôle de l’auteur africain est simple : écrire. Écrire pour marquer l’histoire. Nous avons l’obligation d’écrire notre histoire avant qu’on l’écrive avec déformation pour nous. L’écriture a une mémoire. Les livres sont les meilleurs héritages que l’on puisse léguer à nos enfants. L’africain est déjà victime d’une perte identitaire, d’une histoire falsifiée et effacée : la destruction de la grande bibliothèque d’Alexandrie ; la profanation de tombes et sabotage des statues et monuments de pharaons ; les pillages à grande d’échelles d’œuvres au profit des musées occidentaux.
Nous devons écrire sur la traite négrière ! Pas pour attendre son classement à un quelconque rang, mais parce que c’est notre histoire. La reconnaitre nous-même comme catastrophe suffit amplement. Le plus drôle dans l’histoire est qu’on recourt auprès de nos bourreaux pour que nos lésions soient reconnues
13. Dans Plume et Flûte, après l’humaniste, votre sensibilité anthropologique, est découverte. Vous luttez à votre manière et participez à la préservation de votre culture, à travers un poème dans votre langue maternelle. Pourquoi avez-vous faite le choix d’inclure ce poème dans ce recueil, au lieu de faire un recueil de poèmes uniquement dans votre langue maternelle ?
Plume & Flûte est majoritairement écrit en français, mais j’en ai profité pour insérer quelques pages en Lingala et en Tshiluba. Soucieux de transmettre en ma langue maternelle et par la même occasion immortaliser ma culture qui est en partie transmise à l’oral (avec déformation et mauvaise interprétation de nos traditions et coutumes), j’ai des projets en cours : un recueil de poèmes, un recueil de contes et un roman, en Tshiluba. C’est d’ailleurs pour ça mon choix de la maison d’éditions à porter sur « Mabiki » qui est une promotrice des langues africaines, congolaises particulièrement.
14. Dans Plume et Flûte, vous vous exprimez à grand renfort de rhétorique et postures langagières, telles la concaténation, asyndète et paranomase. Quels en sont les impacts sur les messages véhiculés ?
Le multiple styles sont utilisés dans le but de ressortir le beau, d’égayer les lecteurs, en renforçant le message et l’émotion véhiculés par mes écrits, et sans changer ni déformer l’esprit du poème.
15. Pensez-vous qu’écrire en langue, réduirait votre lectorat et/ou la compréhension de votre « moi » ?
Oui et non. Oui dans le sens où sa réduirait mon lectorat non congolais et, non dans le sens où ceci augmenterait mon lectorat de mes compatriotes qui se sentent à l’écart quand on écrit en langues étrangères.
16. Le tranfèrement des poèmes d’une langue à une autre, est une tentative de mutation linguistique, sujette à une transformation voire déformation sémantique. La perte en sens, signification, aperçu doctrinal ou idéologique, est non-négligeable ; ce qui soulève une thématique et non des moindres, celle ayant trait à la culture et sa préservation. Pourrait-on dire que l’on pense et réfléchit dans une culture ou sa culture ?
Toute traduction implique une trahison, je ne compte pas procéder à des traductions de me texte en langues, mais plutôt écrire en ma langue, en pensant en ma langue : pour mieux transmettre fidèlement l’esprit du mot employé. J’affirme donc qu’on peut penser et réfléchir dans une culture ou sa culture.
17. Chaque culture ayant ses codes, est-il possible au nom de l’universalité de la littérature, de faire vivre une culture dans une langue, sémillant canal, autre que celle d’origine ?
Oui cela est possible, mais ça demande une forte maîtrise de toutes ces deux langues pour transmettre fidèlement l’esprit de la langue d’origine.
18. « Aucun peuple ne s'est développé sur les paradigmes des autres peuples : langue, spiritualité et culture », est une assertion du Pr. Bingono Bingono. Qu’en pensez-vous ?
Tout à fait d’accord avec lui. Il s’agit là vraiment de l’identité d’un peuple. Et c’est ce peuple qui ignore son identité qui s’ouvre à toutes les identités importées. Trouvant la sienne primitive.
19. Quel serait votre mot de fin ? Où se procurer vos ouvrages ?
Merci à vous de m’avoir accordé cette occasion de m’exprimer !
Toute l’équipe d’ITWK, vous remercie.
ITWK, IN TOUCH WITH KALARA
Belle interview
RépondreSupprimerMerci François !
Supprimer