Likambo
na taux oyo…
Me voilà chez moi, dans cette période où le taux nous a pris en étau, où le taux change sur les panneaux de change comme un chronomètre (à quand son "compte à rebours" ?). Me voilà chez moi, après une longue journée de
travail. La fatigue ne nous est plus inconnue. "Travaillez, prenez de la peine" est ce qu'on fait depuis mais sans pain et paix. Rentrer tôt à la maison veut
dire arriver chez soi à 18h car généralement c’est à 21h, 22h que je frappe la
porte de la maison. (Ça me rappelle même
une blague que nous racontait notre prof de R.O à l’université : s’il sort
avec des amis et qu’il se fait tard, il retournait chez lui que le lendemain
vers 4h. Comme ça il sera à la maison très tôt. Je n’ai pas dit que ça marche.)
Vous n’imaginez pas ma tête dans la journée quand
j’ai remis 10$ à un cambiste et qu’il m’a remis en retour 14500 Francs
congolais. J’ai failli crier « au
secours, je me fais arnaquer ». Mais hélas, c’était réellement le taux
du jour, c’était affiché sur tous les panneaux de change. A peine avant-hier 1$
valait 1750FC, au lieu de m’en réjouir, j’étais encore plus inquiet.
Comme à chaque retour à la maison, avant de passer à
autre chose, je vide mes poches, de mes téléphones, portefeuille, des bouts de
papiers et la monnaie qui ne manquent jamais dans quelques-unes d’elles. Mais je
vous assure, même après lavage et repassage des habits, il y a toujours des
billets 500 ou 1000 Fc qui en ressortent (malgré froissé, mais en état de te dépanner).
Et ça aide même, au moment où tu galère, cherchant comment te payer un taxi
pour demain au boulot, tu tombes sur un ou deux billets de 1000Fc en fouillant
(ou par accident) tes vêtements sur le portemanteau (faudrait encore en avoir un ! pour toi c’est peut-être dans un
placard ou garde-robe où tu ranges tes habits, mais pour lui c’est dans un
panier). Après tout, à chacun son revenu.
Pendant que j’étais en train de ranger ce qui sortaient
de ma poche, je réalise alors que tous les
billets de 500Fc qu’on m’a remis en monnaie dans la journée étaient neufs,
même ceux remis par le chauffeur.
Mais que ce qui se passe ?
A-t-on recouru à la planche à billets ?
Ce
sont ces petites questions qui me sont venues en tête…
Oh ça y est ! On est le 2 août, les
« fonctionnaires » viennent d’être payés. Nul besoin d’être magicien
pour le comprendre. Ça se justifie par les billets neufs en circulation et le
taux de change en chute libre. C’est devenu presque la routine. Quand on
s’approche de la paie des fonctionnaires, le taux est baissé. Mais cette
fois-ci, la chute était tellement vertigineuse qu’on avait du mal à y croire.
Dessin : Mpiakalaria by M Kadima (Artiste chanteur, dessinateur, auteur, compositeur, designer, producteur et concepteur de l’émission NOTRE FIERTÉ) |
Pauvres salariés ! Au lieu d’être payé au taux
auquel ils s’attendaient (1$=1750Fc), ils sont payés au taux de 1450 voire même
à 1400Fc sous prétexte que le taux a baissé.
De l’autre côté, les fonctionnaires, n’en
parlons même pas. On n’a l’impression que le temps est resté figer, le taux n’a
jamais changé, 1 dollar est toujours égal à 920 Fc. Qu’en est-il du taux de
1450 promis ?
Pendant ce temps, le prix des biens suit son cours
normal. Le loyer est payé en dollars, pauvre locataire ! Les crédits pour
la communication et les produits de consommations sont restés au niveau de
1750Fc. Quelle hystérésis ?
C’est ça notre quotidien, le dollar impact sur
notre vie même sans le vouloir. Existe-t-il un domaine où le dollar
n’intervienne pas ? Même les maraichères ont augmentées leurs prix suivant
le dollar. D’ailleurs, est-ce sa faute si notre monnaie n’est pas forte ?
Améliorons juste notre économie et on se plaindra moins.
Aussi
longtemps qu’on importera jusqu’aux cure-dent et tomate pendant qu’on peut
en produire sur le territoire national, taisons-nous.
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