Dans la tête de Félix (Celui que
son père n'avait pas choisi)
Nouvelle
31
mars 2018. Félix est affalé sur son gros fauteuil. Il est 3 heures du matin.
Des images défilent dans sa tête.
Est-il
heureux ? Il n'y avait aucun suspens. On le lui reprochera. Mais quelle est sa
faute, si ses adversaires principaux se sont éliminés d'eux-mêmes.
Bruno
est allé à la mangeoire. Il s'est grillé pour l'éternité. Son père disait
toujours que c'était son idiot utile. Il faut dire qu'il l'avait quand même
surpris. Il n'imaginait pas qu'il aurait eu les couilles de l'affronter.
Celui
qu'il craignait le plus, c'est ce tribun de Valentin. Son interview le jour où
il s'est fait recevoir par le Président a été un vrai cadeau pour lui. Il s'est
ridiculisé. Il avait pourtant un vrai feeling avec les combattants. Pour le
coup, il ne s'attendait pas à ce qu'il se noie autant.
-
Le Président n'est pas aussi mauvais qu'on le dit.
Lol.
Un vrai moment de solitude pour cette grande gueule.
Le
destin semble jouer pour lui. Il aurait bien voulu voir Papa en ce moment. Cet
incompréhensible monument. Ils ne se sont jamais vraiment compris.
S'il
savait ! Que c'était pour lui. Son vrai combat : arracher enfin un "bravo
mon fils" du Sphinx. Ce grand pudique des mots. Il aurait bien voulu qu'il
soit là en ce moment pour voir ce qu'il avait réussi à faire tout seul.
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Qu'il soit là surtout pour voir ce que ses préférés ont fait. Valentin qu'il avait choisi à ses dépends. Rien qu'à y penser, il sentit une petite colère. Il lui en veut encore. Lui avoir préféré ce sournois. À se demander ce qu'il lui trouvait le Vieux.
Qu'il soit là surtout pour voir ce que ses préférés ont fait. Valentin qu'il avait choisi à ses dépends. Rien qu'à y penser, il sentit une petite colère. Il lui en veut encore. Lui avoir préféré ce sournois. À se demander ce qu'il lui trouvait le Vieux.
Il
se souvient de leur dernière conversation avec Valentin. Ces mots si durs raisonnent
encore dans sa tête.
-
Tu as beau faire ton cinéma là. Tu seras toujours celui que son Père n'avait
pas choisi.
Lui, Félix l'avait prévenu. Ne faites pas l'erreur qu'on a tous fait avec Joseph. Ne
me sous-estimez pas.
Heureusement
que Moïse avait été un grand soutien. Il a fallu six appels en deux jours d'une
ou deux heures chacun pour convaincre le sphinx.
Un
petit sourire se dessine sur son visage. Il se rappelle de ce jour comme d’hier.
Il a été à deux doigts de remplir ce formulaire de demande de naturalisation.
Ouf ! Il ne se félicitera jamais assez d'avoir au dernier moment renoncé. Il
s'était rappelé une des phrases favorites de son père : celui qui veut diriger
ce pays ne doit pas se naturaliser. Sur le moment, cette phrase, il l'avait
mise sur le compte de ce qu'il appelait parfois le talibanisme de son papa.
Finalement,
c'était le problème avec son Père. Sans le lui dire, il lui reprochait de ne
pas être ...comme lui. Il avait sa propre personnalité. Plus consensuel, plus
doué pour les relations publiques ou humaines simplement.
-
Je préfère les salons au terrain. Ce n'est pas un péché. En ce moment, c'est
dans les salons que la bataille va se gagner. La rue et les terrains ne vont
servir qu'à déstabiliser. Mais ce régime ne tombera pas par la rue. Je n'y
crois pas trop. Donc s'il faut que je me rende à Addis-Abeba la veille d'une
marche. Je le ferai. Mais il faut dire que ça n'a pas été bien géré. La faute à
Augustin et ces stratégies à la con. Tout le monde s'était moqué de lui après
les réussites des marches des Laïcs. Laïcs ? Hum, le Cardinal plutôt. Un
insaisissable personnage.
Michée,
son assistant s'approche de lui.
-
Maître Peter vous attend pour préparer le discours aux militants.
Félix
sait que s'il a pu réussir c'est grâce à cette garde rapprochée des fidèles qui
lui a permis de maîtriser ce capricieux appareil du parti.
-
J'espère que je ne souffrirai pas de la même maladie que mon père : les
trahisons.
Une
dernière pensée pour Moïse et sa campagne à l'américaine, grippée par cette
affaire de nationalité. En voilà un autre entêté. Il pensait vraiment avoir
régler ce problème avec sa renonciation l'année passée. Leur beau mariage de
raison tiendra-t-il ? En tout cas, la Présidence du pays, il ne s'en cache
plus. Il la veut.
-
J'y pense chaque matin en me rasant ? Lol. Pas très crédible avec mon visage de
gros bébé. En mangeant ma boule de fufu matinal peut-être. Comme Papa.
Il
ferme les yeux. Il le voit debout devant lui. Ce n'est pas un rêve. C'est une
vision. Il lui dit sa voix quelque peu nasillarde :
-
Je suis fier de toi mon fils. Tu es sur la bonne voie.
A
ces paroles qu'il aurait voulu entendre de son vivant, il répondit à voix
basse, pour lui-même.
-
Merci Papa. Mais je ferais mieux que toi. Je serais président de ce Pays. Le
tien.
Ce récit est une œuvre de fiction,
toute ressemblance avec des individus ou des faits historiques ou contemporains
ne peut être que fortuite.
Par Biatitudes
Biatitudes, écrivain et poète Rd congolais |
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