Mercredi 27 mars 2019 à l’Institut Français de Kinshasa/Halle de la Gombe vers 18h00, s’est tenu une pièce de théâtre haute en couleurs et en émotions interprétant « Fleuve dans le ventre », une œuvre de l'auteur congolais Fiston Mwanza Mujila. Et vendredi 29 et samedi 30 mars 2019, le spectacle s'est déroulé au Centre culturel M'eko.
Ce projet est une production de Goethe-Institut de Kinshasa regroupant plusieurs nationalités : rd congolaises, allemandes, autrichiennes et polonaises.
Ce projet est une production de Goethe-Institut de Kinshasa regroupant plusieurs nationalités : rd congolaises, allemandes, autrichiennes et polonaises.
« Fluss im Bauch | Fleuve dans le ventre » est un projet performatif entre danse, poésie, théâtre, musique et vidéo, basé sur le poème éponyme de l'auteur congolais Fiston Mwanza Mujila, qui rencontre un succès international. Ce projet est produit par le Goethe-Institut de Kinshasa.
L'objectif du projet est d'étudier et de déconstruire la métaphore coloniale du fleuve Congo, comme incarnation d'une " Afrique sauvage, indomptée, inconnue ", pour aboutir à une réinvention du "fleuve" comme symbole d'une puissance créatrice, d'un canal entre le moi profond et le monde extérieur, et du droit à dire "Je". Source
C’est dans ce cadre culturel à l’occasion de la journée internationale du théâtre que le public a savouré ce moment poétique avec des talents et performances très admirables. Et à travers Solitude 61, la pièce a ouvert ses voiles :
« Dans mon ventre se convulse un fleuve,
bougre et fainéant, sale et immense, lugubre et vilain,
un fleuve en état (avancé) de dysenterie...
À propos de l'auteur
Né à Lubumbashi en République Démocratique du Congo, Fiston Nasser Mwanza Mujila vit à Graz en Autriche où il a achevé en 2007 ses études universitaires en Lettres et Sciences Humaines.
Fiston Mwanza Mujila |
Il est médaillé d'or en littérature aux Jeux de la francophonie, organisés au Liban, en 2009 avec le texte La nuit.
Dans une interview exclusive accordée à un journal congolais, parlant de son écriture, Fiston Mwanza Mujila a déclaré qu'il "ne se revendique d'aucune appartenance", mais s'inspire de tous les genres et en particulier de la poésie.
Dans une interview exclusive accordée à un journal congolais, parlant de son écriture, Fiston Mwanza Mujila a déclaré qu'il "ne se revendique d'aucune appartenance", mais s'inspire de tous les genres et en particulier de la poésie.
Les impressions des spectateurs de ces 3 dates
- "J’ai personnellement apprécié et admiré leur présentation : ils étaient bien dans leurs rôles. Ils les prenaient vraiment au sérieux. Lol. Et c'est ça que j'ai aimé. J'ai aimé l'énergie qu’ils dégageaient et la poésie dans leurs interprétations. Nicolaas jouait en allemand, je n'ai rien compris de ce qu'il disait, mais j'ai aimé la manière dont il le disait. J'ai aimé la musique. Elle m'a secoué sur ma chaise et elle n'a pas laissé ma petite fille de 9 mois indifférente. J'ai aimé les gémissements de la dame ayant le fleuve à la place du sang et la forêt équatoriale comme cheveux. Les dames prêtes à donner vie se sont retrouvées dans ces cris..." Fady-Ambroise
- "Impossible de se focaliser sur un seul acteur. ils ont super bien joué. Myope de mon état, sans mes lunettes, je n'ai pas pu lire ce qui était écrit sur les écrans mais j'ai pu déceler la traduction en lingala. La pièce n'était pas destinée a un public jeune. Beaucoup de stimuli visuels, auditifs. La pièce donne envie de lire le livre." Marie-Précieuse Kindombe
- Un cercle formé par les chaises des spectateurs, et au milieu, quatre corps étrangement costumés; mi haillons, mi bouffons, allongés à même le sol, comme endormis...«Ils sont forts, percutants et interpellant...». Tony ELEBE. Lire l'intégralité en ICI. 👈🏾
- "Les deux spectacles auxquels j'ai pu assister m'ont laissé un bon goût. Les chorégraphies étaient vraiment spectaculaires et ont fait naître de belles impressions. Le texte fort et original. Les tenues correctes. La performance artistique a été au delà de mes espérances car une très grande valeur ajoutée s'est dégagée avec une entière satisfaction. Et j'en demande encore." Christian Gombo
- "J'avoue que c'était ma première fois d'assister à une pièce théâtrale et je n'avais que des émotions avant même que l'activité commence. J'étais toute excitée au point où mon voisin m'a offert une bouteille d'eau car je transpirais déjà lollll. J'ai adoré le fait que les acteurs ont mémorisé leur texte... Franchement on dirait qu'ils en étaient auteurs, ça coulait. Par contre, ils n'ont pas étés tous bons en incarnation des rôles. Le seul qui a pu bien le faire, c'est le blanc qui ressemble à Merlin😅😅😅 Lui là ahlala😍😍😍😍 il avait de la présence sur scène. Il a été parfait : voix, gestuelle, courage... Mais en gros, c'était super. J'ai adoré me retrouver dans une activité comme celle là et j'aimerais qu'elle soit mensuelle, pourquoi pas ?" Vicky Kananda
Solitude 44
"Qu’ils psalmodient le Brahmapoutre, qu’ils exhibent le Yang-Tsé-Kiang, qu’ils encensent le Zambèze, qu’ils affichent l’Euphrate, qu’ils pérorent la Meuse, qu'ils chantent le Guadalquivir, qu’ils élisent le Mississippi et ses gendres, à savoir l'Arkansas, le Missouri et l'Ohio, je brandirai le Congo, le seul fleuve qui déconcentre, le seul fleuve qui simule la tuberculose, le seul fleuve qui danse le tango, la salsa, le boléro, le flamenco et le cha-cha-cha, le seul fleuve qui vous rechigne, le seul fleuve qui broute de la viande, le seul fleuve qui se suicide dans l'océan, jambes jointes, bras croisés. . . Je donne ma main à couper, mon cou à trancher et mon corps à castrer s'il s'avère que je fais usage de faux. Déjà, je suis castré et minable tel le Limpopo à ses heures perdues. En tout état de cause, que craindrai-je? La masturbation forcée, l’épreuve du kiambi ou l'assassinat déguisé en noyade dans les eaux de ce même fleuve?"
Solitude 60
ʺPour tout Congolais tués dans Kin la jungle et jetés dans le fleuve.
Dieu seul sait
Combien de nôtres
Le fleuve mange
Puis avorte
À Brazzaville et aux îles de Mbamu
Les corps qu'on y jette de nuit
À partir de Kin
Dans l'espoir de tuer la trace."
Solitude
19
"Qu’ils psalmodient le Brahmapoutre, qu’ils exhibent le Yang-Tsé-Kiang, qu’ils encensent le Zambèze, qu’ils affichent l’Euphrate, qu’ils pérorent la Meuse, qu'ils chantent le Guadalquivir, qu’ils élisent le Mississippi et ses gendres, à savoir l'Arkansas, le Missouri et l'Ohio, je brandirai le Congo, le seul fleuve qui déconcentre, le seul fleuve qui simule la tuberculose, le seul fleuve qui danse le tango, la salsa, le boléro, le flamenco et le cha-cha-cha, le seul fleuve qui vous rechigne, le seul fleuve qui broute de la viande, le seul fleuve qui se suicide dans l'océan, jambes jointes, bras croisés. . . Je donne ma main à couper, mon cou à trancher et mon corps à castrer s'il s'avère que je fais usage de faux. Déjà, je suis castré et minable tel le Limpopo à ses heures perdues. En tout état de cause, que craindrai-je? La masturbation forcée, l’épreuve du kiambi ou l'assassinat déguisé en noyade dans les eaux de ce même fleuve?"
Solitude 60
ʺPour tout Congolais tués dans Kin la jungle et jetés dans le fleuve.
Dieu seul sait
Combien de nôtres
Le fleuve mange
Puis avorte
À Brazzaville et aux îles de Mbamu
Les corps qu'on y jette de nuit
À partir de Kin
Dans l'espoir de tuer la trace."
"Au nom d’une certaine paix, après nous avoir confisqué les deux Kivu, après nous arraché le diamant, le cuivre, le cobalt, le coltan, et l’uranium, après avoir brûlé nos terres, après avoir rasé les écoles et les hôpitaux, après avoir coupé l’électricité, après avoir violé nos grands-mères et réduit en esclavage sexuel nos mères, après avoir castré nos pères et condamné aux travaux forcés nos oncles, après avoir saboté le barrage Inga, après avoir profané nos cimetières et après nous avoir interdit de pleurer nos morts, arriveront-ils à transporter le fleuve Congo et à s’en servir comme eau de chambre ? Ce n’est pas une question. Ça peut ou ne pas être un secret de polichinelle, le fleuve noiera quiconque touchera à un de ses cheveux…"
Solitude 86
"Le fleuve Congo n’a rien à envier aux autres fleuves.
Il possède leur bave, leur érection et leur virulence à vous foutre la trouille. Tout compte fait, il n’a même pas besoin d’allocations familiales ni d’un quelconque visa pour être un fleuve. Il a été un fleuve.
Il est un fleuve. Et restera un fleuve. Un fleuve sans nationalité.
Un fleuve libre. Un fleuve indépendant. Un fleuve majuscule.
Un fleuve fleuve !"
Le programme
Les dates "Fleuve" - Europe sont les suivantes :
"Le fleuve Congo n’a rien à envier aux autres fleuves.
Il possède leur bave, leur érection et leur virulence à vous foutre la trouille. Tout compte fait, il n’a même pas besoin d’allocations familiales ni d’un quelconque visa pour être un fleuve. Il a été un fleuve.
Il est un fleuve. Et restera un fleuve. Un fleuve sans nationalité.
Un fleuve libre. Un fleuve indépendant. Un fleuve majuscule.
Un fleuve fleuve !"
Notons que la pièce a eu sa première mondiale à Kinshasa et va se poursuivre en Autriche et Allemagne.
Le programme
Les dates "Fleuve" - Europe sont les suivantes :
25 + 26 juin 2019 au Schauspielhaus Vienna (répétitions à partir du 23)
Et ensuite à Graz (28 + 29)
En dernier lieu Mannheim (les 5, 6 et 7 juillet)
À Graz et à Mannheim, les dates peuvent encore changer d'un jour, avant ou après, mais en général, tel est le plan pour la suite des représentations.
Production: Goethe-Insitut in cooperation with Schauspielhaus Wien and Nationaltheater Mannheim. Funded by the TURN Fund of the German Federal Cultural Foundation
Équipe : Carina Riedl (mis en scène, AT), Mwanza Mujila (auteur, RDC), Dorine Mokha (chorégraphie, RDC), Huguette Tolinga Lola (musique, RDC), Otto Krause (décors et costume), Bob Nelson Makengo (vidéo, RDC), Stephan Werner (production, AT), Missy M. Bangala (assistante, social media RDC), Kerstin Gruebmeyer (Dramaturge)
Performeurs : Dorine Mokha Pro, Hugue Mbo Huguembo, Dks Dks Dada Kahindo, Nicolaas van Diepen et Magda Gandhi Chowaniec.
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