Ngaba m’a vu grandir, je l’ai à mon tour vue se dégrader au fur et à mesure que les jours passaient. J’ai vu des clubs sportifs devenir des clubs de « Kuluna », des nunchakus laisser place aux machettes ; des écoles de renom aller de mal en pis ‒ perdre leurs enseignants et ne devenir que des boutiques à diplômes ; des artères principales devenir des lacs ;...
Ngaba a évolué, c’est le cas de le dire : j’ai vu la commune de Makala devenir l’autre bout du monde, à chaque pluie. Ainsi quand il pleut, l’avenue Université qui réunit Ngaba et Makala devient une rivière de boue ; les jeunes chômeurs se voient doter d’un boulot temporaire : transporter les passants au dos (ou dans les chariots) d’une commune à l’autre.
Il y a tellement eu progrès que les jeunes ont trouvé de multiples occupations : si tu n’es pas Kuluna, tu es chargeur des Taxi-Bus et Petita ; des licenciés ‒ toutes les facultés confondues ‒ sont devenus des entrepreneurs, des tenants des cabines téléphoniques et vente papiers mouchoirs.
L’harmonie y règne tellement que voir un policier s’échanger un bout de chanvre avec un Kuluna est une image fréquente. C’est normal, quand on en a assez de cette vie des « epaka » et « affrontement », c’est dans la police qu’on s’en va prendre la retraite. Tout s’explique par la qualité des policiers qui doivent assurer la sécurité dans ce coin : il suffit juste de savoir tirer.
c'est une fierté de te voir exposé tout haut certaines réalités de la cité que ceux-là qui dirigent le monde ignore.
RépondreSupprimerMerci. "Puisque l’écriture est une dénonciation, alors je dévoile."
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