Mon
arrière-grand-père était un lion, au vrai sens du mot.
Moi
c'est Fady-Ambroise WISHIYA Dibaya,
originaire du Kasaï-central, territoire
de Demba, District de Lulua, Secteur
de Tshibungu, Village de Bena Kayembe.
Je suis donc Luba (de Lulua), de père et de mère. 100%.
Mon
nom de famille est WISHIYA, nom de
mon père (Wishiya Tshinyi). Et son
père s'appelait Kabu-Kapu Ndonda (Malu Kabu kapu), et il fut fils de Badibanga
Kansela (mon arrière-grand-père). Je suis donc fils de Wishiya Tshinyi et Ntumba
Kayembe.
L'histoire
de ma famille mérite un roman, c'est d'ailleurs mon projet en cours...
L'histoire de ma famille est tellement passionnante et fascinante qu'on se
croirait dans un Harry Potter ou un
conte. Elle est mystérieuse, sombre, triste et glorieuse en même temps : mais
c'est notre identité. Voilà pourquoi j'aime et j'aimerais l'immortaliser pour
Nous et les générations futures, nos traditions orales s'épuisent. Les
grands-parents cèdent, demain sera nos parents, et après-demain notre tour. Que
léguerons-nous ? La mondialisation est sur nos traces et elle risque de balayer
notre existence et laisser nos enfants sans MÉMOIRE.
Je
vais vous donner un avant-goût de notre histoire en vous parlant de mon nom de
famille, « WISHIYA » :
Nos
ancêtres n'avaient pas de murs Facebook ou statuts WhatsApp sur lesquels écrire
leurs humeurs, guéguerres, gratitudes, attitudes, dédicaces, nargues ou « mbuakela » : alors les enfants servaient de
"murs". Le nom à donner à l'enfant devait avoir une signification,
une raison, une circonstance.
Hormis les noms par défaut qu'on retrouve aux Kasaï, les noms circonstanciels, les enfants qu'on appelle "Bana ba mapanga"(littéralement les enfants ratés, inattendus ou imprévus tels que : Mbuyi et Kanku (les jumeaux); Ngalula (le garçon né après 3 filles ou plus ou une fille née après 3 garçons ou plus); Ntumba wa Kulu (un enfant issu d'une grossesse que la mère ignore et accompagnée des faits mystérieux...); Mujinga (un enfant né avec cordon ombilical autour du cou); etc.), nous avons des noms des ancêtres qu'on croit s'être réincarné en fonction des signes, des noms des homonymes juste par reconnaissance ou liens et les noms selon les périodes, les circonstances, les événements ou faits autour de la naissance de l'enfant. D'où certains parents donnent à leurs enfants les noms d’insultes, de misères ou injustices subies. On retrouve ainsi chez les Kasaïns les noms tels que : Bipendu (insultes), Bijanu (Critiques ou médisances), Bupela (misère, pauvreté), Mukengeshayi (faites le souffrir), Tuakajika (on nous décima, très souvent dans le cadre d'une famille qui a perdu beaucoup de membres), Malubini (trop de problèmes), Tshibangu (cicatrice), etc.
Ainsi, WISHIYA TSHINYI, nom reçu par mon père à sa naissance, de son père, vient de «Ne Ushiya Tshinyi ? » Qui veut dire que laisseras-tu ? Ou encore mieux : que légueras-tu ?
C'est
donc une question à laquelle devait faire face chaque jour, mon grand-père
KABU-KAPU, du fait qu'il n'avait qu'une seule fille. Riche de son État, sa
richesse était vaine sans héritier. 17 ans après la naissance de sa fille aînée
MUSUAMBA, il eut un fils avec LUSAMBA, après avoir épousé-répudié,
épousé-répudié, épousé-répudié plusieurs femmes avant elle faute de conception.
Et il donna à ce fils le nom de WISHIYA TSHINYI. Plus tard, il eut une autre fille il le nomma « NTUADILA
BUNDU », porte moi pour la honte.
À
bientôt pour une suite.
J'ai hâte de lire la suite, car il y a une suite. Dans un monde où le sentiment d'appartenance tend à s'effriter de sa substance, un tel ouvrage mérite que nous lui tendions les mains.
RépondreSupprimerMerci.
Supprimer